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Georges Brassens avait un swing hors du commun.
Un swing dépouillé mais néanmoins envahissant.

Un swing acoustique.

Quiconque s’attaque à son répertoire s’en rend tout de suite compte.

Les jazzmen ne s’y sont pas trompés.

Les Africains ne pouvaient pas échapper à cet exercice incontournable.

Autant apprécié que Claude François ou James Brown par les bantous d’Afrique subsaharienne dans les années 70, le poète coquin et rebelle reçoit ici un chaleureux hommage rythmé par les musiques d’Afrique et de la diaspora.

Brassens en Afrique

Ah ! Cette étonnante capacité qu’ils ont, ces africains à rendre leur musique si communicative et à faire rire aux éclats les muets. Dans le continent noir tout le monde côtoie tout le monde. On retrouve ainsi dans un même panier les choses que d’autres sépareraient automatiquement : l’émotion avec la rigueur, le bruit s’associant au calme. La joie, la douleur, la mort se relaient dans vie de tous les jours,sans que cela traumatise quiconque.

Brassens en Afrique reflète l’ambiance des barsd’Afrique Noire d’après les indépendances. Du Congo au Mali, en passant par laCôte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Bénin ou le Kenya. En ce temps–là,les occidentaux mélomanes ne pouvaient apprécier le Makossa, le Mbalaxou le high-life ou la rumba car les disques africains étaient introuvables à Paris bien que produits pour la plupart en France.

Dans un maquis

C’est cette approche musicale que nous restituent ces arrangements de Denis Tchangou qui a sélectionné 10 chansons, permettant au chanteur Kristo Numpuby de nous entraîner ans un maquis - restaurant africain - où nous attend un assortiment de plats africains : ashièké- poissons, mafé de poulet-fermier accompagné du riz réunionnais, alocos– bananes plantains frites dans de l'huile de palme du Ghana. Pour ceux qui n’ont pas connu les chef- d’œuvres des années 60-70 de Manu Dibango (hormis Soul Makossa), Pierre Akendengué, Ekambi Brillant, Franco, Rocherau, SamMangwana, Prince Nico Mbarga, voici l’occasion de se rattraper , assis dans sonfauteuil en écoutant des classiques.

Il fallait le faire. Ils l’ont fait !

Très enlevées, les chansons de Brassens ainsi interprétées nous plongent dans les ambiances libertines de bals (surboum comme l’appelait la génération d’après guerre) citadins. Et c’est l’occasion pour les jeunes de rester entre eux. Comme les parents en douce.Comme le dit si bien l’écrivain nigérian Chinua Achebe dans Le monde s’effondre, « le soleil brillera d’abord sur ceux qui sont debout avant de briller sur ceux qui sont assis. » Et le temps est très court pour choisir son futur compagnon de vacances et qui sait, de la vie.

Voici dont une unique occasion de découvrir sans à priori une musique africaine de qualité, jouée sur des paroles et des mélodies on ne peut plus bien françaises.Il fallait le faire. Ils l’ont fait !

Mais qui sont-ils donc ces énergumènes qui ont si farouchement africanisé mes chansons ? En ajoutant mélangeant les bruits de la forêt tropicale aux sabots d’hélène. N’entendaient-ils pas sonner le clairon, étouffé par le son d’une batterie sans tom ni cymbales africaines, Et comme si cela ne suffisait pas, ils ont récupéré une bouteille de bon vin qu’ils ont vidé avant de s’en servir comme percussions. Ils se sont mis à frapper dessus avec une cuillère et une fourchette, comme des petits enfants.

Un album franco-africain

« Cela m’a agréablement surpris lorsque j’ai abordé ce projet. J’ai cru que je n’y arriverai jamais. La langue française est tellement riche et imprévisible avec ses innombrables exceptions aux règles de grammaire. Avec Brassens, il n’y a pas beaucoup d’espace pour tricher avec de longues notes à l’intérieur des phrases de Brassens. Toute respiration mal placée et vous êtes en retard... Et la prononciation doit être impeccable sinon l’auditeur ne reconnaît rien. Le français n’étant pas la première langue que m’ont apprise mes parents. Et le Bassa qui a d’abord parlé l’allemand avant le français et l’anglais, a toujours eu des difficultés avec certains sons qui n’existent qu’en Français : le U, le J ; la différence entre gît, jure et jouir, pire et pure, je et jeu. Sacré français !Brassens, un véritable challenge pour un bantou ! »

Enregistré dans un studio à Montreuil (ville africaine de France) cet album est interprété par Denis Tchangou (batterie et percussions et chœurs) qui l’a aussi produit et Kristo Numpuby(chant, guitare, basse et chœurs) avec la complicité de l’ingénieur de son Eric Donnart. Le choix des chansons s’est fait en fonction du cousinage de leur sonorité avec différents rythmes d’Afrique.
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